Compte-tenu des directives du ministère de la santé au sujet de la propagation du corano-virus et, surtout, afin de protéger la vie des personnes, nous suspendons les séances de méditation du mercredi dans la salle de la médiathèque.
Chacun et chacune est vivement invité.e à conserver ce moment précieux du mercredi pour prendre le temps de s’asseoir tranquillement chez soi, suivre sa respiration, et s’installer dans les sensations de son corps, quelles soient agréables ou désagréables . Être « un » avec elles et leur sourire avec bienveillance. Il est possible également de pratiquer la marche méditative chez soi, dans notre jardin ou au bord de la mer, en marchant présent.e.s dans nos pas, le souffle relié à la Terre-Mère.
Nous pouvons observer aussi nos pensées et prendre conscience si elles nourrissent des émotions bienveillantes ou si elles créent de la souffrance en nous et chez nos proches ( prendre le temps de lire l’enseignement de Thich Nath Hanh ci-dessous).
Profitez de ce moment particulier pour éclairer chaque moment de votre pleine conscience et, peut-être, changer certaines énergies d’habitude.
Que cette période puisse générer de l’amour, de la compassion de la joie, et de la non-discrimination en tous les êtres vivants !
Nous allons chercher à vous proposer au cours de cette période des pratiques, soit par le biais du blog ou soit en ligne .
Un extrait d’un enseignement de Thich Nath Hanh (2012)
La diligence juste
(cloche)
Bonjour chers amis.
Nous sommes aujourd’hui le mercredi 2 mai de l’an 2012. Nous sommes su
Hameau du Haut dans la salle de méditation de l’Eau
Tranquille pendant notre retraite francophone.
La conscience du tréfonds
Nous avons parlé
l’autre jour de la pratique comme une culture, culture de l’esprit. Il
faut comprendre qu’il faut savoir comment notre esprit
fonctionne pour pouvoir bien pratiquer. C’est pour cette raison-là
que dans le bouddhisme, la psychologie est quelque chose de très
important. Il y a des volumes et des volumes écrits sur la
psychologie bouddhique. Et dans le bouddhisme, on parle de la
conscience en termes de semences, de graines. Très intéressant. Il y a
cette partie de la conscience qui préserve toutes les
semences. C’est comme un disque dur dans votre ordinateur qui
préserve toutes les données, les informations. Et dans notre
conscience-connaissance, il y a cette partie appelée le tréfonds. Le mot
sanskrit est alaya, store consciousness. Le tréfonds est un terrain
qui cache, qui préserve toutes les semences. Et nous savons très bien
que nous avons tous une semence appelée la semence de la
pleine conscience. Elle est enfouie ici. Avec la pratique de la
pleine conscience, on peut faire grandir cette semence en nous. On sait
que la semence de la pleine conscience est une source de
bonheur, parce qu’avec la pleine conscience, on peut entrer en
contact avec les merveilles de la vie qui peuvent nous nourrir, nous
guérir. Elles donnent beaucoup de joie. C’est pourquoi la
pleine conscience est une source de bonheur. Et nous avons tous une
graine de pleine conscience en nous, et la pratique nous aide à faire
grandir cette graine, et à chaque fois que nous avons
besoin de l’énergie de la pleine conscience, on peut toucher cette
graine, et il y a de l’énergie de la pleine conscience pour nous. Nous
avons aussi la graine de la concentration, la graine de
la vision profonde, et tout cela sont des graines, des bonnes
graines, des graines positives, et on appelle tout cela la nature de
Bouddha, la nature de l’éveil, la nature de l’amour en chacun de
nous. On n’a pas à aller chercher ailleurs, elles sont là dans le
tréfonds. Il y a aussi des graines négatives, comme la jalousie, comme
la peur, comme le désespoir. Elles sont toutes là. Et
cette partie de la conscience-connaissance appelée tréfonds est
quelquefois appelé la totalité des semences. Sarva bîjaka. Sarva veut
dire la totalité, bîja, les semences. C’est un autre nom du
tréfonds. Et le tréfonds est en quelque sorte le sous-sol de notre
maison. On garde beaucoup de choses dans le sous-sol. Et ici, on a le
rez-de-chaussée, la salle de séjour est ici. Et ici, c’est
le mental. La conscience immédiate, et le tréfonds est la conscience
enfouie. Il y a des choses qui sont là, mais nous ne sommes pas
conscients de leur présence, même des choses très très
précieuses. Il y a un Bouddha, il y a le Royaume de Dieu dedans, et
on les ignore. Donc, c’est le rez-de-chaussée, c’est la salle de séjour,
et ici, c’est le sous-sol. Et quand une graine
négative comme la colère est touchée : on vient de dire quelque
chose, on vient de faire quelque chose, qui peut toucher la graine de la
colère ici, et si cette graine est assez importante,
elle se manifeste tout de suite au niveau du mental, une zone
d’énergie appelée colère. Et ici, on l’appelle bîja, c’est-à-dire une
graine, une semence. Et quand la graine se manifeste ici, on
l’appelle une formation mentale. Donc, quand la graine de la colère
se manifeste ici au mental, le paysage du mental n’est plus beau, ce
n’est pas agréable. Et si on ne sait pas comment faire,
alors on continue à souffrir. Donc il faut savoir comment faire
quand une chose comme la colère se manifeste, une chose comme le
désespoir se manifeste. Si on laisse la colère s’installer
longtemps dans le mental, à la base, elle a la chance de grandir.
C’est dangereux aussi. C’est pourquoi on doit apprendre une méthode pour
pouvoir aider la formation mentale de la colère de
retourner aussi vite que possible à sa place originelle dans le
tréfonds.
La diligence juste
Et cela fait partie
de la pratique appelée la diligence juste. Dans la pratique, nous savons
que quand une agression se manifeste dans le mental, il
faut agir tout de suite, il ne faut pas se laisser submerger par
cette énergie négative, comme la colère, le désespoir, le doute, par
exemple. Alors la méthode recommandée par le Bouddha est
d’inviter une autre graine à venir pour prendre soin, et la pleine
conscience est la graine que nous devons choisir. Alors si on commence à
respirer, et si on porte son attention sur la
respiration, alors on commence à inviter la graine de la pleine
conscience à se manifester. Il faut deux, trois secondes, pour que la
graine de la pleine conscience devienne une énergie, et voilà
dans la salle de séjour deux sortes d’énergie. Premièrement,
l’énergie de la colère, et deuxièmement, l’énergie de la pleine
conscience. Et la pleine conscience est là, ce n’est pas pour
combattre, pour supprimer la colère. La méditation, ce n’est pas la
transformation de notre personne en champ de bataille, le bien
combattant le mal. Ce n’est pas cela. C’est parce que vous êtes
la pleine conscience, vous êtes aussi votre colère, alors pas de
violence. Donc le rôle de la pleine conscience, c’est de reconnaître. La
reconnaissance pure et simple de la colère. « Ma
chère petite colère, je sais que tu es là. Je vais prendre soin de
toi. » C’est comme un grand frère prenant soin du petit frère. C’est
comme une maman prenant soin de son bébé avec beaucoup
de tendresse. La non-violence. La méditation est caractérisée par la
non-violence et la non-dualité. La non-dualité, parce que vous
reconnaissez le fait que vous êtes la pleine conscience, mais
que vous êtes aussi la colère. Il ne faut pas faire violence à
soi-même, alors il ne faut pas supprimer, il ne faut pas combattre. La
non-violence. Donc, le premier rôle de la pleine conscience,
c’est de reconnaître la présence de la colère : « Ma chère petite
colère, je sais que tu es là, je vais prendre soin de toi. » Une
reconnaissance pure et simple de l’existence de
la colère. La pleine conscience est l’énergie qui peut nous aider à
nous rendre compte de ce qui se passe. Ce qui se passe, c’est qu’une
énergie de colère vient de se manifester. Deuxièmement, la
pleine conscience peut embrasser, avec beaucoup de tendresse, cette
colère-là, comme le soleil qui embrasse une fleur de lotus. Pas de
violence, seulement une embrassade. Quand la maman entend le
bébé crier, elle sait que la chose la plus importante à faire pour
elle dans le moment présent est de cesser de travailler, d’entrer dans
la salle du bébé, et la première chose que la maman fait
est prendre le bébé dans ses deux bras comme cela. C’est exactement
ce que le pratiquant doit faire quand une souffrance se manifeste. La
colère, ou bien le désespoir, ou bien la confusion, ou
bien la peur. Il faut tout de suite faire la marche méditative ou la
respiration consciente pour pouvoir générer la deuxième énergie. Cette
deuxième énergie, vous vous en servez afin de pouvoir
reconnaître et embrasser avec douceur, et après quelques minutes,
vous aurez un soulagement. Il faut s’entraîner comme ça. Et si vous
pouvez le faire, vous pouvez aider l’autre personne à faire
cela. Vous constatez que l’autre personne est submergée, envahie par
une peur ou une colère, et vous pouvez apporter votre pleine conscience
pour pouvoir soutenir cette personne à faire la même
chose, à reconnaître cette colère, cette souffrance, pour
l’embrasser, et vous êtes là pour lui, vous êtes là pour elle, pour
aider cette personne-là à faire cela. Donc, dans une Sangha, on
s’entraide dans la pratique. Et une autre chose que vous pouvez
faire, est d’aider cette formation mentale de colère à retourner à sa
place de base. Et la manière la plus facile est d’inviter une
graine de nature opposée, comme la compassion. Vous avez une graine
de compassion en vous. Et si la graine de compassion est touchée, alors
elle se manifeste en formation mentale, et la
compassion se manifeste, la compassion peut aider à neutraliser un
peu la colère. Et si la compassion se manifeste ici, elle peut déjà vous
aider tout de suite à souffrir moins. Avec la
compassion dans le coeur, on souffre moins tout de suite. Et vous
savez très bien que vous avez une graine de compassion, il n’y a pas de
doute. Et si vous faites la méditation sur la compassion
chaque jour, alors cette graine va grandir. Avec une grande graine
de compassion, vous pouvez vous servir de l’énergie de la compassion
tous les jours, pour ne pas souffrir, pour pouvoir agir et
parler de telle sorte que cela puisse enlever la souffrance et
installer le bonheur. Donc c’est comme un mini-disc, un disque, compact
disc. Si vous jouez de la musique et si ce morceau de
musique ne nous plaît pas, pourquoi continuer ? Il faut changer de
disque. Alors il faut pousser, il faut inviter le disque de la
compassion à venir pour remplacer. Et c’est ce que le
Bouddha nous a recommandé. Il faut changer le disque, il ne faut pas
continuer comme ça. Et vous avez des disques de bonne qualité en vous.
Vous avez la compassion, vous avez l’amour, vous avez
la joie, vous avez le bonheur, vous avez la non-discrimination, vous
avez toutes sortes de bonnes graines en vous, et si vous pratiquez
chaque jour, ces graines-là deviennent plus importantes, et
à chaque fois que vous avez besoin d’elles, alors vous pouvez les
inviter très facilement. Donc, la diligence. La diligence juste, c’est
cela. C’est ne pas rester victime d’une formation mentale
négative, il faut faire quelque chose. Un bon pratiquant sait
exactement comment faire pour pouvoir changer le disque. Donc, il y a
quatre aspects de la pratique.
1. Ne pas donner une chance aux graines négatives.
Le premier aspect de
la pratique, c’est qu’il faut s’arranger pour que les mauvaises graines,
les graines négatives puissent dormir tranquillement
là-bas, il ne faut pas leur donner une chance de se manifester. Un
bon pratiquant doit organiser sa vie de telle sorte que les mauvaises
graines ne soient pas arrosées chaque jour. Si vous vivez
dans un environnement plein de colère, plein de désespoir, alors les
mauvaises ont beaucoup de chance d’être arrosées, c’est pourquoi il
faut choisir un environnement où les mauvaises graines ne
sont pas arrosées chaque jour. Et vous pouvez parler avec votre
partenaire, et vous pouvez vous arranger, c’est une sorte de traité de
bonheur, de traité de paix entre vous et elle, vous dites
ceci : « Chéri, tu sais que j’ai des mauvaises graines en moi : j’ai
la graine de colère, de jalousie, et si tu dis quelque chose pour
arroser ces graines-là, je vais souffrir, et
si je souffre, tu ne peux pas être heureux. Donc je te prie de ne
pas arroser les mauvaises graines. Et chéri, je sais aussi que tu as
aussi ces graines-là, et je fais le vœu de ne pas arroser
ces graines en toi. Alors on peut signer ? » Donc c’est le premier
aspect de la pratique : ne pas arroser les mauvaises graines. On peut
faire cela, et on peut aider l’autre
personne à faire cela. Il faut un traité de paix, traité de bonheur.
Il ne faut pas laisser à ces graines une chance de se manifester, parce
que quand elles se manifestent, nous souffrons, et à
la base, elles ont une chance de grandir.
2. Quand la graine négative s’est manifestée, chercher à l’aider à redevenir graine.
Deuxièmement : s’il
arrive que la graine négative se soit déjà manifestée, faire quelque
chose tout de suite pour aider la formation mentale à
redevenir graine le plus tôt possible. Et vous pouvez faire cela en
invitant des bonnes graines à se manifester. Quand vous écoutez un
enseignement du Dharma, par exemple, vous arrosez beaucoup
de bonnes graines en vous, et quand les bonnes graines se
manifestent là, alors la colère, le désespoir, reviennent à leur place
originelle. Et on peut faire, on peut aider l’autre personne à
faire cela. Lorsqu’on constate que l’autre personne est sous
l’emprise d’une formation mentale négative comme la colère, le
désespoir, on doit faire quelque chose pour aider cette personne à
sortir. Alors on peut regarder cette personne, on peut reconnaître
des bonnes graines en elle, et on dit quelque chose pour pouvoir arroser
cette graine. Et l’effet peut être immédiat. L’autre
personne peut sortir très vite, parce que vous avez aidé à arroser
la bonne graine en elle. Donc, premier aspect de la pratique : ne pas
donner une chance aux graines négatives.
Deuxièmement, quand la graine négative s’est manifestée, chercher à
l’aider à redevenir graine.
3. Donner beaucoup de chance aux bonnes graines.
Troisième aspect de
la pratique : aider la bonne graine à se manifester. Vous avez des
bonnes graines, pourquoi ne pas les aider à se
manifester ? Quand vous lisez un livre sur le Dharma, quand vous
discutez sur la compassion pour la pratique, alors vous arrosez la
graine en vous-même, et vous arrosez la bonne graine dans
l’autre personne. Et dans cette retraite, on ne fait que cela : on
arrose les bonnes graines en soi-même, et on arrose la bonne graine dans
les autres personnes. Donc, nous sommes au courant
du fait que nous avons des bonnes graines, y compris la graine du
Royaume de Dieu. Le Royaume de Dieu est disponible dans l’instant
présent. Alors, si on a de la pleine conscience, on sait qu’on
a une chance, on peut se promener dans le Royaume, et chaque minute
peut nous guérir, nous nourrir. Qu’est-ce qu’on a fait de sa vie ?
Beaucoup d’entre nous ont cette capacité de décrocher
un diplôme, d’avoir un emploi, de faire beaucoup d’argent, mais
l’essentiel, c’est d’avoir cette capacité de vivre vraiment notre vie.
Et avec la pratique de la pleine conscience, on peut se
déplacer de l’anxiété, de la peur, on peut s’installer dans le
moment présent afin de pouvoir toucher en profondeur les merveilles de
la vie qui appartiennent au Royaume de Dieu, à la Terre Pure
du Bouddha, et vivre en profondeur avec joie chaque moment. La
marche méditative est un des moyens qui peut vous aider à vivre comme
cela. Le Royaume de Dieu est maintenant ou jamais. Et vous
faites partie du Royaume, le Royaume est en vous. Dans l’Évangile,
le Royaume de Dieu est décrit comme une sorte de graine, une graine de
moutarde. Dans l’enseignement bouddhiste, on parle des
graines, mais dans le christianisme, on parle de graines aussi,
semer les graines. Alors il faut donner une chance aux bonnes graines en
vous, beaucoup de chance afin qu’elles puissent se
manifester. Une fois manifestées ici, elles rendent le paysage du
mental agréable, magnifique, pour votre bonheur, et pour le bonheur de
votre bien-aimé. Et c’est la pratique, et c’est facile,
c’est faisable. Le pratiquant est un artiste, il sait comment faire
pour gérer la manifestation des graines.
4. Quand la bonne graine se manifeste, chercher à la retenir le plus longtemps possible.
Quatrièmement : quand
la bonne graine se manifeste, chercher à la retenir le plus longtemps
possible. Si l’amour, la joie se manifestent, alors
vous pouvez faire tout pour pouvoir garder cette bonne formation
mentale ici pour votre bonheur et pour le bonheur de votre bien-aimé. Et
pendant ce temps là, la bonne graine, la graine ici en
bas a une chance de grandir. C’est ce qu’on appelle dans le
bouddhisme la transformation à la base. La transformation à la base ne
se fait pas ici, au niveau du mental. Elle se fait au niveau du
tréfonds. Et si vous aidez, si vous pratiquez les quatre aspects de
la diligence, vous pouvez réduire l’importance des mauvaises graines, et
vous pouvez faire grandir les bonnes graines en vous,
et ça s’appelle la transformation à la base. Et le tréfonds, quand
vous dormez, travaille toujours. Le tréfonds a la fonction de préserver
toutes les graines, de recevoir toutes les informations,
les expériences. Il peut traiter les informations, il peut
apprendre, il peut transformer, il peut nourrir. On médite non seulement
avec le mental, mais on médite aussi avec le tréfonds. Donc, si
la bonne graine a une chance de se manifester, alors on tache de la
garder ici le plus longtemps possible pour son bonheur et pour le
bonheur de l’autre, et à la base, la graine de la compassion,
la graine de la non-discrimination, la graine de la joie, la graine
du bonheur ont une chance de grandir. Quand j’étais novice, j’ai du
apprendre par cœur le nom de toutes les graines. Dans les
écoles du bouddhisme, chaque école nous enseigne la même chose : il y
a des graines, et il y a une cinquantaine de variétés de graines, et on
doit appeler les graines par leur nom, pour que
chaque fois qu’une graine se manifeste, on puisse l’appeler par son
vrai nom. Si c’est de la jalousie, on sait que c’est la jalousie.
« J’inspire, je sais que la jalousie vient de se
manifester en moi, et je souris à ma jalousie, j’embrasse ma
jalousie. » J’ai demandé à un frère phap de copier la liste des
formations mentales. Est-ce que c’est prêt ? Pas encore
prêt ? Est-ce que c’est possible d’avoir cela demain ou
après-demain ? C’est bien.
(cloche)
L’arrosage sélectif
Donc, le quatrième
aspect de la pratique est d’aider la bonne formation mentale à rester le
plus longtemps possible, que la joie demeure. C’est
cela, que la joie demeure, et en pratiquant, on sait comment faire.
Donc, au Village des Pruniers, on parle de l’arrosage. L’arrosage, c’est
la pratique de chaque jour. On arrose seulement les
bonnes graines, on n’arrose pas les mauvaises graines. Et la
pratique est appelée l’arrosage sélectif. Et quand on signe le contrat,
alors on sait comment arroser en soi, et comment arroser les
graines dans l’autre personne. Je me souviens, il y a une vingtaine
d’années, d’un couple qui est venu de Bordeaux. Ce jour-là, nous
célébrions, c’était l’anniversaire de la naissance du Bouddha,
Vesak, et j’ai donné un discours, un enseignement sur l’arrosage
positif, et j’ai constaté que la dame a pleuré pendant tout
l’enseignement. Après l’enseignement, je suis venu parler avec le
monsieur, et j’ai dit seulement quelques mots : « Cher ami, il me
semble que votre fleur a besoin d’un peu d’arrosage. » Seulement
quelques mots comme ça, et il a très vite
compris. Donc, après le déjeuner, ils sont partis, et le parcours a
duré quelque chose comme une heure d’ici à Bordeaux, et en conduisant la
voiture, il pratiquait l’arrosage. Quand le couple est
arrivé à la maison, elle était complètement transformée, très
joyeuse, et les enfants étaient surpris. Le monsieur connaissait la
pratique, mais il ne pratiquait pas, il avait besoin d’un maître,
ou bien d’un frère ou d’une sœur dans la pratique pour lui rappeler
la pratique. Il faisait très bien. Il suffit de quelques minutes pour
pouvoir transformer une personne. Si vous reconnaissez
les bonnes graines dans l’autre personne, vous pouvez arroser tout
de suite, et vous avez besoin seulement de quelques minutes, et vous
pouvez la transformer tout de suite. Si on laisse arroser
les mauvaises graines, les graines du désespoir, de la colère
plusieurs fois chaque jour, elles vont devenir trop importantes, et
elles amèneront beaucoup de souffrance, et quand elles sont
puissantes, elles essaient de forcer la porte pour entrer dans la
salle de séjour. Pendant le jour, on tache de les supprimer, mais
pendant la nuit, dans le rêve, elles arrivent.
Embargo
Notre pratique, c’est
d’établir une sorte d’embargo ici, pour que les mauvaises graines ne
puissent pas entrer dans le mental. C’est un mécanisme de
défense. Vous savez que si ces choses-là montent, vous allez
souffrir, c’est pourquoi vous voulez les supprimer, les refouler. Et
comment ? Avec la consommation. Vous n’avez pas besoin de
manger, mais vous cherchez quelque chose à manger pour pouvoir
oublier. Il y a un vide, un vacuum en vous, et vous ne savez pas comment
gérer ce vide, cette solitude en vous, donc manger est une
manière de refouler la souffrance. Ou bien, vous allumez la télé, et
le programme n’est pas intéressant du tout, mais vous n’avez pas le
courage d’éteindre la télé, parce que vous avez peur que
si vous éteignez la télé, elle va venir, et vous cherchez à parler
au téléphone, vous cherchez à aller vers du shopping, vous faites tout
pour pouvoir supprimer, empêcher votre douleur de se
manifester. L’embargo, le refoulement. Et la plupart d’entre nous
adoptent cette pratique. On consomme, non parce qu’on a besoin, mais
parce qu’on a peur de ce qui est là dans le tréfonds. On
consomme pour pouvoir couvrir, des couches et des couches de
consommation, et cette société de consommation reflète le problème de
nous tous. On consomme pour pouvoir oublier, mais on ne peut pas
oublier. Pendant la nuit, cela se manifeste, en cauchemar. Alors, ce
que le Bouddha a suggéré, c’est d’enlever cet embargo. Il faut laisser
la souffrance se manifester, pour pouvoir la
reconnaître et pour pouvoir l’embrasser. La pratique consiste à
reconnaître la souffrance et à embrasser la souffrance. Ici, deuxième
aspect de la pratique. Si on ne sait pas, si on ne connaît
pas la pratique, on risque d’être submergé par la douleur, mais si
on connaît la pratique, on n’a pas peur. Avec la pratique de la
respiration consciente, la marche dans la pleine conscience, on
peut toujours générer l’énergie de la pleine conscience, et à chaque
fois qu’une souffrance se manifeste, on a l’énergie de la pleine
conscience pour pouvoir reconnaître et embrasser. La maman,
quand l’enfant pleure, prend l’enfant dans ses bras avec beaucoup de
douceur. Elle ne sait pas ce qui ne va pas avec l’enfant, mais le fait
qu’elle le prend dans ses bras avec beaucoup de douceur
peut déjà apporter un soulagement à l’enfant, parce que l’énergie de
la douceur commence déjà à pénétrer dans l’enfant. C’est comme la
lumière du soleil embrassant une fleur de lotus. Non
seulement la lumière voyage autour de la fleur, mais en tant que
photon, elle essaie de pénétrer dans la fleur de lotus, c’est pourquoi
une heure après, le lotus doit s’ouvrir. Ici, c’est la même
chose. La pleine conscience, c’est la lumière du soleil, et la
souffrance est une fleur. Et le soleil de la pleine conscience embrasse
tendrement et pénètre, petit à petit, dans la zone de la
souffrance, et c’est pourquoi un soulagement peut être possible
juste après quelques minutes. Et après deux ou trois minutes, la maman
va découvrir ce qui ne va pas avec son bébé. Et comme ça,
avec la pleine conscience et la concentration, on va pouvoir
regarder et voir la nature et la racine du mal, de la souffrance, et on
peut régler cela facilement. Donc, pour ne pas avoir de la
peur vis-à-vis de notre souffrance, il faut être muni, armé de
l’énergie de la pleine conscience, et vous pouvez rentrer à la maison
sans peur, pour prendre soin de la souffrance en vous. Si on
continue à installer l’embargo, alors une situation de mauvaise
circulation va se produire. Votre psyché ne circule pas bien, parce que
vous empêchez les choses de circuler. Le refoulement, la
suppression, peuvent créer cette situation de mauvaise circulation,
et la mauvaise circulation de la conscience va aboutir à des troubles
mentaux. Des symptômes de troubles, de maladies mentales,
la dépression, la psychose, et des choses comme ça. C’est très
dangereux. Donc, il faut écouter le Bouddha, il faut enlever l’embargo
et laisser la douleur monter, et si vous savez comment
reconnaître, embrasser la douleur, alors vous pouvez faire venir un
soulagement, et après cela, la douleur est affaiblie, dix pour cent,
cinq pour cent, quinze pour cent, et après cela, elle va
retourner à sa place, à la base. Donc, on peut concevoir la pleine
conscience comme un bain. On va donner à notre douleur un bain de pleine
conscience. Vous embrassez votre douleur, votre colère,
avec la pleine conscience, et après avoir reçu le bain de la pleine
conscience, votre douleur perd un peu de son pouvoir. Vous avez un
soulagement, et après cela, elle va retourner à sa place. Et
comme ça, la prochaine fois, quand elle se manifeste, vous donnez un
second bain de pleine conscience, et elle perd un peu de son pouvoir.
Elle va revenir, et si vous continuez, vous n’avez plus
peur de la souffrance, et vous laissez, vous restaurez un état de
bonne circulation dans votre psyché, et les symptômes de maladie mentale
vont disparaître. Une bonne circulation de la
conscience, c’est très bien, très important. Donc, il ne faut pas
avoir peur, et il faut pratiquer pour avoir cette énergie de pleine
conscience et de concentration, avec lesquelles on peut très
bien gérer une souffrance, et restaurer la bonne circulation dans
notre conscience-connaissance. Et si vous pouvez faire cela pour
vous-même., vous pouvez aider l’autre personne à faire la même
chose.
(cloche)